Jean- Philippe Rapp

Directeur du FIMNS
et organisateur des Rencontres de Jaipur

De superbes rencontres
Cinq jours de fête, de projections, de colloques, une superbe exposition et des jeux de lumière, étions-nous en Inde dans la préparation de Diwali ou en Suisse ? Cela se passait à Genève, en octobre 2007. La ville s’était associée à l’événement. Sur le fameux jet d’eau étaient projetées les couleurs du drapeau indien. C’était la 23 ème édition du Festival International Medias Nord Sud.


La plus importante délégation indienne de l’année en Suisse avait fait le déplacement Elle était notamment composée du Dr Karan Singh, Président du Conseil Indien pour les relations culturel, de l’ancien chief Minister du Kashmir Farooq Abdullah, de l’écrivain Shashi Tharoor, du cinéaste Yash Chopra, du journaliste-écrivain Tarun Tejpal , des économistes Rajnikant Patel, Janak Mehta et de beaucoup d’autres illustres représentants de l’art, de la culture, et du monde social et politique. Ils répondaient à l’invitation du Festival International Medias Nord Sud qui bénéficiait, notamment, des liens étroits liant Neel Rapp-Singh aves ces hauts responsables de ce sous-continent.

L’analyse des enjeux majeurs du futur
Le FIMNS participe depuis 24 ans à la réflexion menée autour de la coopération et du développement durable. Les problématiques analysées depuis quelques années se concentrent sur les enjeux majeurs du futur. La fin du pétrole (2004), l’impact du développement de la Chine sur le reste du monde (2005), le réchauffement climatique (2006) et l’an dernier les spécialistes, les chercheurs, les responsables politiques et sociaux, mêlés à un vaste public pendant 5 jours étaient conviés à analyser l’impressionnant développement de l’Inde qui s’affirme de plus en plus comme une grande puissance de ce monde. Des colloques, des films documentaires, des soirées spéciales notamment en présence de Mme Calmy-Rey Présidente de la Confédération cette année-là obtinrent un très grand succès relayé par de nombreux médias. Chacun rappela que les deux pays partageaient de nombreuses valeurs politiques et la gestion du multiculturalisme.

Alors vint une idée
Alors vint une idée. Pourquoi interrompre un échange de cette qualité. Les responsables du FIMNS, le Conseil de Fondation, le Département fédéral des affaires étrangères à travers sa direction du développement et de la coopération DDC décidèrent donc, après analyse des possibilités, de prendre un engagement supplémentaire afin de permettre une plus grande ouverture au monde. Une forme d’alternance. Une année à Genève et l’année suivante dans une région du monde en relation avec le thème traité.
Quelle plus belle possibilité pour une première que de le faire en Inde ,en retrouvant une partie des interlocuteurs venus en Suisse et en approfondissant les questions, les thèmes, les projets évoqués 12 mois auparavant. Avec pour ambition la volonté de participer à des formes de partenariat et d’actions solidaires dans un monde où l’interdépendance est fondamentale quelque soit la dimension des pays engagés.

Du festival au forum
Le Forum International Medias Nord Sud a évolué en 23 ans. Il a d’abord été axé sur la promotion des productions du sud, le souci d’une meilleure égalité, le désir de voir un rééquilibrage de l’information entre pays développés et pays en développement, entre le centre et la périphérie, entre les régions prospères et celles qui le sont infiniment moins. Peu à peu cette démarche a gagné d’autres manifestations, d’autres festivals. Aujourd’hui pour parler de ces questions, les tribunes ne manquent guère sans pour autant que l’on parvienne encore à un rééquilibrage satisfaisant. En fonction de notre langue, notre histoire, notre culture nous accédons à une zone d’influence et d’échange qui n’a rien d’universel. Il nous faut donc chercher encore davantage ä pénétrer « des terres étrangères », afin de nous enrichir de ces différences et partager des espoirs d’avenir. Il faut décentraliser les lieux de réflexion, permettre un meilleur accès au terrain, prolonger sur les terres des uns et des autres les conversations, les découvertes, les envies d’action solidaire. C’est pourquoi le FIMNS a décidé d’emprunter cette voie nouvelle qui force à sortir du confort des rencontres internationales dans des lieux protégés pour les mettre en contact avec une réalité. Et symboliquement de devenir un Forum qui se tiendra donc une année en Suisse, une année à l’étranger

Des retrouvailles et des découvertes
Qu’attendons-nous de ce changement ? Des retrouvailles quand on est passé d’une première découverte de l’autre , à l’estime et à l’amitié ; des discussions qui reprennent et s’approfondissent ; des découvertes lorsqu’après avoir imaginé l’interlocuteur dans son cadre et dans sa culture, on le retrouve dans le réel de sa vie concrète.
Ce qui nous conduira loin de la simplification, dans les rouages d’une complexité que l’on imaginait que partiellement à travers une connaissance livresque, académique ou journalistique. Car il faut aller au devant des événements et des gens pour nous reconnaître. Notre identité est faite de la couleur de la terre à nos chaussures, du regard que nous portons sur les choses et les gens, de notre faculté à saisir, à comprendre les différences et d’en faire un enrichissement durable, de notre disponibilité au partage et à l’ouverture.

Un monde qui bascule
Mais c’est d’abord et essentiellement pour prendre encore mieux conscience que le monde bascule, que les puissances s’affaiblissent , que des nations émergent , qu’il convient de repenser nos univers communs en fonction de données qui varient et bouleversent nos certitudes. L’Inde fascinante, l’Inde puissante, l’Inde innovante, l’Inde bouleversante, douloureuse, déchirée, confrontée au fossé grandissant entre ceux qui réussissent et ceux qui vivent avec moins de l’équivalent d’un dollar , l’Inde est une admirable terre d’accueil. Dont l’approche doit se faire humblement tout en étant confiants en nos valeurs. Car le sous-continent est si complexe,, si foisonnant, si contradictoire que la réalité semble vous échapper à tout instant. Alors, comme nous le disions déjà, l’an dernier dans la présentation du Festival à Genève, il nous faut accepter de ne pas être exhaustifs, savoir que le premier jour nous aurons l’ambition d’écrire un livre, qu’après une semaine nous pourrions nous contenter d’un article et qu’ensuite la sagesse voudrait que nous n’écrivions plus rien. Entrer dans la passion indienne, c’est accepter de se laisser charrier dans ce grand fleuve de savoirs, de langues, de contradictions, de spiritualité et de folie. Pour s’arrêter ensuite sur la rive et espérer se découvrir moins pauvre d’esprit et de culture.

L'apprentissage du partage
L’apprentissage du partage passe par les mots, des fleuves de mots qui envahissent les livres, débordent des discours, ruissellent dans les conversations ; par des images, des quantités d’images , naturelles ou artificielles, de l’arbre au fleuve, de l’affiche à l’écran, de la photo à la représentation picturale. Mais quand ils ne suffisent plus, les uns et les autres prennent alors place la musique , la danse. C’est notamment sous les auspices des mouvements croisés des danseurs de l’Atelier Ecole Rudra Béjart et de ceux du Karali-Payatum ,ceux de l’école de Kuchipudi que cette nouvelle édition intitulée LES RENCONTRES DE JAIPUR trouvera très certainement son sens le plus profond. Quand le métissage et l’interpénétration des cultures se réalisent sous les yeux des participants. Rien de futile dans cette démarche mais la recherche d’une verticalité qui fait toute la dignité de l’homme et de son besoin d’échanges.

 

 


 

 


information

Le concours de films documentaires n'aura pas lieu en 2008. Un concours sera organisé en 2009 en rapport avec le nouveau thème du Forum qui se déroulera à Genève.